Restauration d'une vieille malle

Bonjour vous tous et en particulier toi ami restaurateur (pas d'un restaurant),

Pour mon premier article sur ce blog, je vais te parler d'une de mes trouvailles dans le grenier de mes grands-parents. Un jour de furetage dans cet endroit frais mais poussiéreux, remplit de vieilles valises, qu'on se demande qui les utilisait vu le nombre de fois où mes aïeuls sont partis en vacances ! Mais bref, derrière le tableau représentant un paysage pittoresque montagneux, peint sans doute par un illustre inconnu (mais il faudra quand même qu'un jour je me renseigne, on ne sait jamais la valeur que peuvent avoir de vieilles croûtes),  et à côté d'un guéridon en fer forgé recouvert de... des carrelages des water (!?), parmi donc tout un bric à brac fait de briques et de breloques, j'entrevis une chose fortement intéressante. Il s'agissait d'une vieille malle, toute poussiéreuse, noire charbon et dont, après enquête, ma grand-mère voulait se débarrasser. Halte là, lui dis-je, veux-tu bien me la donner grand-maman ? Elle me répondit oui, sans hésiter, trop contente de trouver acquéreur si rapidement. Après l'avoir un peu rafraichi et repeint, cet objet pourra faire son effet dans mon salon...

Voici la malle en question telle que dégotée dans le grenier. En effet elle n'avait pas fière allure ! Précisons que cela doit faire environ 50 ans qu'elle vit recluse dans ce grenier. Grenier situé dans une maison, elle-même située dans une ville sise dans le bassin minier lorrain et justement plantée en face de l'ancienne usine de charbon. Sympathique effet que celui de retrouver au fond de la malle une poussière charbonneuse âgée de quelques décennies ! Après un examen plus approfondi, on finit par dater, grâce à quelques étiquettes des chemins de fer encore lisibles, l'origine de cette malle. Elle aurait donc appartenu à mon arrière grand-mère, qui faisait de fréquents voyages entre la Lorraine et l'Italie vers les années 1910-1920  !

Etape 1 : Astiquage

La voici après l'avoir débarrassée de sa toile noircie, l'avoir frottée pour la dépoussiérer et avoir décollé le papier peint à l'intérieur. Je ne pensais pas qu'un jour je passerai le balai à l'intérieur d'une malle, mais c'est chose faite. Tu peux aussi donner un petit coup d'éponge et laisser sécher. 

 

Si jamais il y a des clous rouillés qui dépassent, enlève-les avant d'avoir besoin d'une piqûre anti-Titanic.

Sur cette photo, on peut constater l'état des ferrures, ou de la ferraille, enfin de tout ce qui est en fer. Un chouïa oxydé tout ça ! Il faut les frotter avec une petite brosse en fer.

 

Etape 2 : Traitage du bois (imbécile, abruti, salaud, vendu !)

Pour les différents trous dans le bois ou les éventuelles planches vermoulues, c'est-à-dire où les bestioles ont élu domicile, on reconstitue avec de la pâte à bois (plus forte que le simple enduit de rebouchage). J'ai placé un morceau d'adhésif d'un côté pour éviter que la pâte ne coule de l'autre côté pendant que j'étale (pas folle la guêpe!)

S'il y a beaucoup d'endroits vermoulus, on peut traiter avec un produit spécifique (anti bébête) avant de poncer.

Etape 3 : La ponçation

L'enduit étant sec, on peut tout à fait poncer dessus afin de lui faire adopter la forme de la planche qu'on a reconstituée. C'est magique ! Et c'est dur... comme du bois ! (Ca tombe pile poil)
Il faut utiliser différents papiers de verres, en allant du grain le plus gros au grain le plus fin. Ne frotte quand même pas trop, il ne vas plus rien rester ! Après tu passes un petit coup de balayette parce que je ne te parle pas de la poussière que ça fait.

Etape 4 : Le rafistolage

Pour cette malle, j'ai dû réinstaller deux charnières à l'arrière car il n'y en avait plus. Ou plutôt si, il y en avait une en fer rouillé d'un côté et une en vieille toile de l'autre, maintenue par des clous (rouillés eux aussi, sinon c'est pas marrant).

Quand la malle est bien poncée et que les planches et ferrures tiennent bien (au besoin, consolidez avec quelques clous non rouillés), on peut la peindre.

Etape 5 : Le peinturlurage

J'ai choisi une peinture satinée grise pour la malle et noire brillante pour les ferrures. La peinture satinée évite de voir trop les endroits rebouchés à l'enduit (contrairement à la brillante), mais évite le côté trop pesant d'une peinture mat. Déjà que cette malle n'est pas petite, je ne tiens pas qu'elle fasse bloc de granit au milieu du séjour. "Vous vous mettez à la sculpture ?"

On commence par peindre les ferrures, la ferraille, enfin ce qui est en métal.

Ensuite on peint la malle en utilisant des pinceaux de différentes tailles pour ne pas dépasser sur les ferrures (si tu es un cochon et que tu dépasses quand même comme à la maternelle, redonne un petit coup de pinceau sur celles-ci en finition)

 

Etape 6 : Les finitions (c'est ce qui se passe quand on a presque finité)

Selon la qualité de la peinture et le rendu désiré, on passe une ou plusieurs couches. Sinon tu peux mettre de la lasure, si ton bois est beau et que t'as peu de retouches.
On prend un petit pinceau pour faire les finitions dans les coins (ne vas pas tout cochonner sinon faut finiter les finitions et on n'en finit plus)

J'ai ajouté une poignée au centre du couvercle pour ouvrir ma malle car je m'en servirai comme meuble, range-bouteilles-pour-l'apéro ou autre, je n'ai pas encore bien décidé, et non comme objet de voyage. Et puis j'ai fixé des chaînes à l'intérieur pour maintenir le couvercle ouvert à un peu plus de 90°.
Et la voici terminée :

 

Tu peux retrouver toutes les photos marquant les différentes étapes de cette restauration dans l'album restauration malle. T'aurais pas deviné hein ?

A bientôt ami restaurateur !

Gwen

Comments

[biz]

Bonjour, je suis contre la restauration de ce type sur les objets anciens. Autant acheter une malle neuve. Pour moi, c'est détériorer un objet d'antiquité. Salutations.

[Chris]

Je viens d'acquérir de vieilles malles et je voudrais les dater. Je suis tombée sur ton blog...j'aime beaucoup ta façon de narrer ton expérience! Et en ce qui concerne la restauration, beau travail. Perso, j'aime quand ça reste un peu dans son jus, que l'objet raconte et nous fasse rêver... C'est pourquoi, je cherche des dates, périodes pour m'aider à recréer l'histoire. Je n'ai pas trouvé ce que je cherchais sur ton blog, mais j'ai trouvé quelqu'un qui me paraît très sympathique! Heureux hasard des rencontres! Bon courage pour le suite.

[zélie]

C'est marrant, j'ai une malle de ce genre mais je cherche encore à quoi elle servait exactement :)

[dounette]

Merci pour cet article très sympa. Qu'elle est belle cette malle !!! Ca vaut tellement le coup de la restaurer. Je l'ai fait avec une, non sans peine (http://pimprelys.over-blog.com/article-ma-malle-de-voyage-3-111641700.html) mais j'espère un jour en accueillir une 2e chez moi !

[Dom]

Coucou....Bravo et mille Bravo, aussi bien pour les idées, le commentaire, et surtout pour le travail! Les restaurateurs ne peuvent que rester humbles devant tout le travail parfaitement réussi ....et surtout un bel exemple de créativité, de sérieux, et d'huile de coude .....A conseiller à ceux qui s'ennuie ....Chapeau Bas Madame ...